Pendant que dans le petit monde politique et des analystes de tous poils, on se perd en conjectures sur la qualité du remaniement ministériel opéré par Nicolas Sarkozy, le MEDEF continue à avancer ses pions et se propose de réformer, de la cave au grenier, le pacte social français
Et c'est quoi, l'agenda social vu par le MEDEF ?
" Pour la présidente du Medef, il faut trouver le moyen d'accélérer toutes les négociations en cours, notamment celle sur la modernisation des institutions représentatives du personnel " C'est à dire : les Comités d'entreprise, les Délégués du personnel, les Délégués syndicaux, les Comité d 'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail et les Conseils des Prud'hommes - Ministère du travail
Et, nul besoin d'être grand clerc pour imaginer la teneur des "adaptations" que le MEDEF entend apporter à ces institutions ... D'autant que c'est en novembre de cette année que devrait être remis à Xavier Bertrand, le nouveau ministre du travail, le rapport Mougin (du nom du DRH du goupe Vinci) commandé par Xavier Darcos, dont la lettre de mission disait : " ... / ... Les entreprises ressentent de l'insécurité face à une application du travail souvent mouvante, instable et parfois peu claire", souhaitant "des propositions précises afin que le droit du travail soit un droit plus sûr, plus stable, plus simple .... / ..." et d'ajouter que celui-ci : " ... / ... génère beaucoup de contentieux". "Il serait nécessaire, par exemple, de créer une échelle raisonnée de sanctions... / ... " - Le Monde
Une façon habile de "tordre le coup" aux Conseils des Prud'hommes qui sont dans le collimateur du MEDEF depuis de nombreuses années ?
Le MEDEF propose également une : " modernisation du paritarisme" pour : " préparer des négociations évidentes sur les régimes de retraite complémentaires Agirc-Arcco "
Car, il faut savoir que les accords régissant l'Arrco et l'Agirc expirent au 31 décembre 2010. C'est pourquoi, le 25 novembre, syndicats de salariés et d'employeurs se retrouveront pour " adapter" les régimes complémentaires aux nouvelles règles. Et cette négociation est extrêmement importante puisque l'Arrco concerne tous les salariés du privé et l'Agirc les cadres. Nous explique Le Figaro, qui ajoute que : " En théorie, faute d'accord, ce fonds s'éteindra et de fortes décotes s'appliqueront aux salariés cessant le travail avant 65 ans ... / ... "
Même si le MEDEF ne souhaite probablement pas "aller au clash", il va lui falloir, en ces temps de fort chômage des plus jeunes et des plus âgés, apporter des idées pour justifier sa "victoire" du report de l'âge de la retraite et l'allongement de la durée de cotisation.
C'est ce que Laurence Parisot a commencé de faire en expliquant qu'avec les syndicats de salariés, ils : " ... / ... feront un diagnostic du marché de l'emploi ... / ... " Elle en a profité pour ressortir son serpent de mer : " ... / .... Il y a une idée fausse qu'on a beaucoup entendu, qui serait de dire: un senior qui reste plus longtemps dans le travail, c'est un emploi pour un jeune en moins ... / ...Il faut que nous, entreprises, nous pensions la relation seniors juniors de la même façon. C'est pourquoi nous réfléchissons à la mise en place de mécanismes de tutorats entre juniors et seniors ... / ... " Mesure qui ne concerne bien entendu que certains seniors encore dans l'emploi. Pour les autres ...
Mais quid des propositions pour l'emploi des jeunes et des seniors ?
Elles sont tout simplement issues du très libéral Institut Montaigne et se présentent sous la forme de " 15 propositions pour l’emploi des jeunes et des seniors "
Le site Bastamag, qui en a fait une sérieuse analyse nous apprend que : Tout d'abord, la situation n'est pas due aux entreprises mais au : " pacte de solidarité mis en œuvre au sortir de la Seconde Guerre mondiale. À savoir : la Sécurité sociale, l’assurance chômage, la retraite par répartition, la semaine des 40h, la création du salaire minimum, une certaine forme de démocratie sociale / .... Pour l’Institut Montaigne, ce pacte « non seulement ne contribue plus à assurer la cohésion sociale mais il la menace. Dangereusement ... / ... "
C'est à dire ?
Le CDI : " .... / ... Il est donc proposé de le rendre plus « flexible » (proposition n°9). En gros, d’en faire un CDD – ce dernier serait supprimé – sans la prime de précarité. Ce contrat plus flexible permettra aux employeurs de changer unilatéralement la nature du poste, les fonctions, la rémunération ou encore le temps de travail. L’entreprise pourrait ainsi congédier un salarié à l’issue d’une mission soi-disant indéterminée… Et ce, sans contrepartie financière ... / ... "
Les salaires : " ... / ... La hausse continue des salaires tout au long de la carrière professionnelle », à cause de l’ancienneté, est un frein à « l’attractivité des seniors ... / ... "
La durée de cotisation pour obtenir sa retraite : " ... / ... L’institut demande la suppression pure et simple de l’âge légal de départ à la retraite (proposition n°14). Et l’allongement à 44 ans, d’ici 2020, de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein (actuellement fixée à 41 ans à partir de 2012) ... / ... " Ce qui selon Bastamag revient à : " travailler 44 ans en CDD permanent avec des salaires très variables ... / ... "
Et cerise sur le gâteau : " L’institut déplore ainsi une certaine défiance des jeunes et des seniors à l’égard du travail. Les premiers n’en font pas leur priorité, les seconds font tout pour en sortir dès qu’ils en acquièrent le droit ... / ... Pour les inspirateurs du Medef, cette aggravation du mal-être au travail est peut-être due, elle aussi, au « pacte de solidarité » de 1945. Ne serait-ce pas cette archaïque Sécurité sociale qui permet trop facilement aux salariés de se déclarer malade ou d’être victime d’un accident du travail, ce qui bloque indument un poste de travail ?
Ce que note Bastamag, c'est l'absence de commentaire sur les " ... / ... dispositifs d’exonérations fiscales dont bénéficient les entreprises." soit : ... / ... plus de 172 milliards d’euros en 2010 " comme l'indique le récent rapport du Conseil des prélèvements obligatoires ( page 10). C'est à dire : " dix-sept fois le déficit actuel des caisses de retraite " et le rapport de rappeller que : " Le nombre de ces dispositifs est passé de 44 en 2005 à 64 en 2010."
Mais Laurence Parisot préfère évoquer le déficit de l'état et les mesures de prises pour sa réduction, engagées par le gouvernement, affirmant que : " Si nous continuons en ce sens, nous pourrions atteindre les 3% ou 4% de croissance d'ici 2015. Sinon, les questions sociales vont devenir dramatiques" - Le Figaro
Réduction du déficit auquel le MEDEF est les employeurs ne participeront pas puisque : " La majorité sénatoriale est revenue, à la demande du gouvernement, sur un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2011 limitant les allègements de charges pour les entreprises que dénonçait vivement le Medef " - Le Point
Bienvenue dans le monde merveilleux du MEDEF, de ses adhérents et ... de ses actionnaires !
Lanig - (Source: Basta ! )
1 commentaires:
Merci pour ce papier qui annonce la suite régressive, mais qui informe admirablement.
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