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4 déc. 2010

Ne pas détruire les banques: les saisir !

Par Frédéric Lordon.

Il faut peut-être prendre un ou deux pas de recul pour admirer l’édifice dans toute sa splendeur : non seulement les marchés de capitaux libéralisés, quoique les fabricateurs de la crise dite des dettes souveraines (voir Crise, la croisée des chemins ), demeurent le principe directeur de toutes les politiques publiques, mais les institutions bancaires qui en sont le plus bel ornement sont devenues l’unique objet des attentions gouvernementales. Les amis du « oui » au Traité constitutionnel de 2005 trouvaient à l’époque trop peu déliées à leur goût les dénonciations de « L’Europe de la finance » mais si le slogan ne sonne en effet pas très raffiné, c’est que la réalité elle-même est grossière à ce point. L’entêtement à soumettre les politiques économiques aux injonctions folles des créanciers internationaux, telles qu’elles s’apprêtent à nous jeter dans la récession, trouve ainsi son parfait écho dans la décision, qui ne prend même plus la peine de se voiler, de mobiliser le surplus d’emprunt européen de l’EFSF 1)… pour le sauvetage des banques irlandaises bien méritantes d’avoir savamment ruiné les finances publiques du pays 2). Le cas de l’Irlande a ceci d’intéressant que la connexion entre finances bancaires privées et finances publiques y est plus directe et plus visible qu’ailleurs, mais il ne faut pas s’y tromper : pour la Grèce déjà, et pour tous les autres candidats au sauvetage qui suivront, il s’agit toujours in fine moins de sauver des Etats que d’éviter un nouvel effondrement de la finance – et l’on attend plus que le barde européen de service qui viendra célébrer l’Europe en marche d’après ses plus hautes valeurs : solidarité et humanisme, car après tout c’est vrai : nous voilà, contribuables citoyens européens 3), solidaires des banques de tous les pays, et les banquiers sont des hommes comme les autres.


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Un jour...

Un jour de mai 2012, un vieux Monsieur est assis sur un banc de parc, face à la grille du Coq du palais de l'Élysée. Après quelques minutes, il se lève et va voir le garde républicain :
- Bonjour Monsieur, j'aimerais visiter l'Élysée et rencontrer le président Nicolas Sarkozy.
Le garde républicain lui répond :
- Monsieur Sarkozy n'est plus président et il n'habite plus ici.
Le vieux Monsieur s'en va sans dire un mot
Le lendemain le vieux Monsieur est encore assis sur le banc de parc il se lève, va voir le garde républicain et lui dit :
- Je veux visiter l'Élysée et rencontrer le président Nicolas Sarkozy.
Le garde lui dit :
- Monsieur Sarkozy n'est plus président et il n'habite plus ici
Le vieux Monsieur s'en va sans dire un mot
Pour une troisième journée consécutive le vieux Monsieur est assis sur le même banc du parc et regarde toujours l'Élysée. Il se lève enfin et va voir le garde républicain et lui dit à nouveau :
- J'aimerais visiter l'Élysée et rencontrer le président Nicolas Sarkozy.
Le pauvre Garde Républicain est très embêté :
- Monsieur, ça fait trois jours que vous me demandez de rencontrer Monsieur Sarkozy et ça fait 3 jours que je vous dis que Monsieur Sarkozy n'est plus président et qu'il n'habite plus ici
Est-ce qu'il y a quelque chose que vous ne comprenez pas ?
- Non, Non. dit le vieux Monsieur, c'est juste que ça me fait tellement plaisir de l'entendre dire
Alors le garde républicain se met au garde-à-vous, le salue et lui dit :
- À demain, Monsieur.